Ultra Menestrail 2019

Bon bah comme on avait passé un weekend sympa il y a 2 ans du côté de Moncontour, il me vient l’idée de relancer ça au team 2fr cette année, d’autant plus qu’il y a une nouvelle course et donc une nouvelle idée de défi.
En effet, en plus du 14/24/34/54, il est possible de faire les défis (14+24 ou 34+54) et pour les 20 ans, THE HARD DAY, une course qui n’aura lieu qu’une fois : l’ultra Menestrail et ses 104 Km pour 3300+ : nul doute que l’un de ces formats intéressera le 2FR… mais non !!!!! Pas un pour relever le défi « La nuit, le vent, la boue ! »      



Nous serons donc quatre 2FR du côté breton : Seb et Lynda sur le petit défi, Teva sur le 34 et moi sur le 104.  

Après le GRP et une rentrée bien chargée, je n’ai que très peu couru !!! Tout juste, 5/6 mercredis… et la date approche… et moi je cogite et m’inquiète : je connais le terrain de jeu et je sais que je ne suis pas prêt, physiquement pas affûté et psychologiquement pas au mieux car seul… et sur si long, ce sera une 1ère : comment vais-je réagir ?    

Nous voilà donc à 20Km de Moncontour avec les Morin… Une bonne plâtrée de pâtes avant d’aller se coucher pour une longue courte nuit, en effet, le réveil sonnera à 1h48 !!!!

1h48 : ça pique !    

2h : le café est prêt, 2h06 : suis habillé, 2h15 : on décolle, on suit les conseils de notre hôte, après 3km, on est perdu… ggrrr… GPS en route, et c’est parti, nous voilà sur le lieu de départ 10’ avant le début de la course et les parkings sont blindés :-o Heureusement, on nous ouvre une barrière pour nous laisser passer dans une petite ruelle sinon je rate le départ !!!
On arrive dans le gymnase en fin de briefing « Attention, pour cette unique édition, la 1re boucle de 34 est très exigeante et les barrières horaires sont serrées. Pensez à relancer dès que possible !!! » pppffff
Photo et direction la ligne de départ.



Pas trop réveillé le gars !!!    

3h03 : le départ est donné.

Petit tour de piste, re-arrêt bisou à Isa et me voilà parti en queue de peloton.

Ma stratégie se base sur celle appliquée il y a 2 ans sur le 54 pour lequel j’avais bien fini (physiquement pas au classement  ) : je gère, je dois être « facile », j’ai prévu d’alterner marche et course lente en fonction de la pente et du terrain le plus longtemps possible… et si tout se passe comme il y a 2 ans, je devrais pouvoir être bien jusqu’au 70/75ème.

On démarre par la vieille ville de Moncontour, 2/3Km dans les ruelles pavées à un rythme correct.
Et dès qu’on sort de la ville, le terrain change, les pavés laissent place à un petit chemin qui mène vite à la 1ère traversée de ru et à la 1ère grimpette déjà un peu boueuse, nous avons fait 3 gros km, on aura gardé les pieds au sec 20’ !    

Je mets en place ma stratégie : ça monte : je marche, c’est plat ou ça descend : je trottine (sauf si le niveau de boue atteint les chevilles).
Le rythme est assez lent mais régulier, je fais MA course et ne m’occupe pas du tout de mes « adversaires » qui pour le moment déconnent (« Bah alors, tu cours pas ? Bah non j’ai des crampes… Déjà ? Mais non j’plaisante… »)
Une heure est passée, j’ai fait 8Km, déjà quelques mares de boues et 3 ou 4 grimpettes, je suis dans un rythme suffisant pour être dans le timing et je n’ai pas l’impression de me fatiguer donc on continue comme ça.

Je me centre sur mon moi-même et je me sens plutôt bien, confiant.

Les bosses s’enchaînent, de même que les passages bien boueux.

L’allure baisse un peu et certains Km se font à « à peine » 6km/h, cela peut sembler ridicule mais difficile de faire beaucoup mieux : à cause du terrain notamment mais aussi car je ne veux pas me griller, la route est encore longue.

2h de course : 14.5Km…

Il est 5h du mat’… ça caille !  

2h50 de course : 20.6Km.. ISA   et un barnum… « Il faut faire une boucle de 4Km avant de te ravitailler !! » GGrrr… c’est pas grave, la tête et les jambes sont là et ces 4Km se font au petit trot, et oui, je suis à un petit 8km/h : pas mal hein !!??    

Il est maintenant 6h et je m’inquiète : XR ne m’a toujours pas appelé… j’hésite à contacter la police, il doit lui être arrivé quelque chose.  

La bosse du 23è pique un peu mais me revoilà assez vite (tout est relatif) au ravito… TRES léger (pas moi, le ravito) !!! Je prends 2 raisins secs, un verre de coca, Isa me "décapsule" 1 banane et une compote! 24Km et un coureur rend son dossard (qui s’ajoute à d’autres déjà présents dans la pochette du bénévole…).

On en est à 3h30 de course et un bénévole nous annonce :

« Ne traînez pas si vous voulez passer la 1ère BH (Barrière Horaire) »

Et oui, la 1ère BH se situe après 4h40 de course et 34Km… Euh… il me reste donc 1h10 pour faire 10Km !!! Alors oui, du fond de votre canap’, vous remémorant les sorties du dimanche, vous vous dîtes : so easy !!! Pas moi !!! Je connais le terrain et lorsque je dis qu’un 8km/h est déjà bien pour moi, c’est vrai !!!! Là, il va falloir faire un 9Km/h…
Alors je ne traîne pas, je dois courir (trottiner) un max…    

Non mais je rêve, c’est la 1ère fois que je dois me battre avec les BH, et je sais que d’autres sont dans mon cas… il y a des coureurs derrière qui eux ne passeront pas, c’est certain !    

4h de course : 27Km… et là, belle grosse bosse, mais elle est facile, on marche juste dans …une rivière… et oui, de l’eau jusqu’aux chevilles dans cette grimpette (enfin il me semble que c’est ici     )

Ce km se fait en 12’… aïe aïe aïe… la BH !!!

I'm cogiting (réfléchir en anglais) et je me vois déjà en train de négocier avec l'orga. pour pouvoir courir le 12Km du soir avec Seb et Lynda si je suis éliminé  

4h12 : 28Km

Encore 6km et 1/2h… suis quasi sûr que c’est mort mais j’ai bien l’intention de me battre alors je cours tout le long, que ça monte (un peu), que ce soit gras (un peu), lorsque ça descend, j’allonge la foulée et double pas mal de monde.

4h30 : 31Km… ça pue !      

4h35 : une longue ligne droite sur un chemin carrossable et au bout, une voiture, des lumières rouges… le pointage ??

Je ne sais pas trop mais dans le doute, j’accélère un peu…

4h40 et 19 sec’… je suis à la voiture et au pointage… il était un peu après le 32ème… je me vois déjà en train de rendre mon dossard car ils ont dit qu’ils seraient intransigeants à la seconde près, mais le bénévole me dit d’y aller !!

YYEESSSS ça passe !!!!!!!!!! (en fait de 2 min’41 d’avance puisque le départ a été donné avec 3’ de retard et donc BH en 4h43 sur les chronos : j’avais pas besoin de me presser !!! )    

Descente dans la boue casse-gueule assurée par des cordes avant de passer sous la départementale les pieds dans un ruisseau bien frais, Isa est au-dessus du tunnel « Alors c’est passé la BH ? »  « De justesse mais oui… » alors je me dois de continuer car je sais que cela risque d’être juste.


   
Alors je trottine, le chemin s’y prête plutôt bien en ressortant de Moncontour, plutôt plat dans un 1er temps puis une belle longue montée propre. Je rattrape des coureurs qui eux aussi sont passés de justesse (4/5’ avant moi) et qui me demandent si je suis le dernier… je crois qu’il en reste 2 ou 3 derrière… mais je n’en suis même pas sûr car je les ai doublés bien avant la BH. (En fait, 2 autres ont passé la BH après moi… près de 40 coureurs s’y sont faits arrêter d’après les rumeurs).

Après cette belle grimpette, ça redescend, nous sommes dans les champs, le jour se lève. Je discute un peu avec un gars un peu bourru et speed mais sympa  

Puis revoilà les sous-bois et la boue, les flaques d’eau, les ruisseaux.
Quasi 6h de course, vers le 40ème Km, Seb m’appelle pour m’encourager, je mets mon téléphone près de mes mollets afin qu’il entende le bruit de cette magnifique flaque dans laquelle je patauge « Putain que je ne regrette pas de ne pas m’être inscrit !!! »



Je lui fais un petit topo de ces 40 premiers Km… pour le moment je suis bien même si les BH me font peur.

Je vois que Marie et Margaux m’ont envoyé des sms d’encouragement… pas le temps de les lire… on verra ça plus tard mais merci.  

Tiens une éolienne…

Je retrouve Isa à la chapelle dans le brouillard, il y fait froid, elle m’annonce qu’il reste 10 gros Km avant la BH et le ravito…

Isa met mon GPS dans le sac pour qu'il se recharge... elle me donné sa montre afin que je sache l'heure qu'il est (oui je sais, c'est le principe d'une montre...)

Il me reste 2 petites heures pour rejoindre la BH… ça devrait le faire.

Là on croise un gars à contresens… il en a marre et retourne à la Chapelle… abandon !

J’avance bêtement, je suis las, je suis perdu, je suis ailleurs, mon GPS étant dans sac à recharger, je n’ai plus de repère.

Vers le 45ème, j’ai un bon coup de mou… pas de douleurs mais les jambes lourdes, j’ai beaucoup de mal à courir et chaque bosse est un calvaire.  



Je passe devant la source Margot… ah oui le SMS de Margaux, j’en profite pour faire une photo et lire son sms et celui de Marie… Allez, de bonnes ondes sont avec moi…

C’est le moment que XR choisit pour m’appeler, je lui explique à lui aussi, mon coup de mou, les BH qui m’effraient un peu : la prochaine est au 53ème en 8h30. Je dois donc y être avant 11h30… je lui dis que ça va se jouer à pas grand-chose et que… vais-je en repartir ??? A suivre…

J’en suis rendu à me poser toutes ces fameuses questions sur le pourquoi etc… Je me demande si je ne devrais pas ralentir encore histoire de me faire éliminer, serait-ce pire ou pareil qu’un abandon ? Et si je passe avant la BH, est-ce que je passerai la suivante ? Est-ce que ça vaut le coup ? Mais non, j’ai pas le droit de renoncer : je trottine…

Tiens une éolienne…

Les bosses s’enchaînent, l’alternance bois et champs aussi, quelques longues lignes droites brisent un peu le moral, ceux que j’avais doublé à la sortie de Moncontour me sont tous repassés devant, derrière ne doit rester que la fille et un gars que j’ai doublé avant la 1ère BH.

Encore quelques Km et un virage en épingle qui me permet 2 choses :
- Je vois la fille et son compagnon d’aventure qui me rattrapent…
- Je retrouve Isa avec en ligne de fond, la BH !!! Il reste environ 300 mètres et nous les courrons ensemble.



La brume est toujours bien présente:



La voici, nous sommes au 53ème Km et sommes partis depuis 8h15… j’ai un petit ¼ d’h d’avance sur la BH. J’ai enfin le temps de me poser un peu.

Je m’assois et mange plutôt bien : fruits, tucs, chocolat, compote, raisins secs, fromage, coca…

Ça fait du bien… j’y reste 5 grosses minutes et me pose la question de repartir ou pas, j’ai retrouvé un peu de jambes avec ce ravito, Isa m’a fait du bien (aucune allusion SVP… pas assez propre le gars !!!!!        ) même si elle me dit « Tu sais, tu peux arrêter, il y a pas de honte, t’as déjà fait 53Km !!! »     … Alors, je repars et croise les doigts pour passer la prochaine BH au 80ème Km : j’ai maintenant 4h30 pour faire 27Km.

La fille est elle aussi arrivée et sera la dernière à repartir, elle n’a jamais abandonné et a fini toutes ses courses (marathon des sables, diagonale etc…).
Je suis donc avant dernier.  

Je repars au petit (tout petit) trot mais c’est mieux que de marcher… manger m’a fait du bien et pendant une petite heure, je vais réussir à trottiner de façon régulière car c’est une partie beaucoup moins accidentée que les 50 premiers. Ce sont des chemins relativement propres et courables et donc où l’on peut reprendre un peu de temps si on a les jambes…. Malheureusement, je ne les ai plus trop…

Tiens une éolienne…

C’est dur !!! Plus de 2h que je suis reparti et aucun coureur en vue depuis le ravito… ni devant, ni derrière…

Je me mets à chanter cette fameuse chanson d’un chanteur qui n’a (mal)heureusement pas percé dans la musique :

« Soli Solitude » de…. Réponse  en fin de CR

Sur ma gauche, à 400 mètres à vol d’oiseau, près d'éoliennes (les mêmes, d'autres???  je ne sais plus...) , des coureurs… ils courent, et même s’ils sont près, je les sais très loin devant.

J’avance bêtement, je suis ailleurs, j’ai mal aux pieds, j’ai mal aux jambes, je pense à tous ceux qui me suivent derrière leur PC, je pense à tous ceux à qui j’ai parlé de cette course et prends conscience que si j’en parle à plein de gens, ce n’est pas pour ma la péter (non non j’vous jure !!!) mais parce que là maintenant, au fond du gouffre, ça m’aide car ça serait autant de gens à qui annoncer que j’ai abandonné… et NON !!! Je dois réussir…

Tiens une éolienne…

Tiens de la boue… ça faisait longtemps…

Heureusement, je croise Isa de temps en temps et ça me reconnecte au monde réel.

Plusieurs fois, je croise cette voiture blanche avec 3 bénévoles à l’intérieur… me suivent ils ??? J’en sais rien, mais ça devient un running gag « Encore vous ? »… oui je sais : ça ne fait rire personne mais là encore, je dois faire bonne figure, je dois être fort… alors on fait comme si tout allait bien !

On est au 70ème après 10h38 de course : il est 13h38… 2h pour faire ces 10Km avant la BH, ça doit être  jouable, le terrain est praticable mais je sais que ça peut changer.

Ah, un concurrent… c’est le petit gars speed du début… il  a toujours la gouaille : « T’es le dernier ? » « Non, il reste la fille derrière ! » « Bon bah j’vais l’attendre comme elle finit toute ses courses ;-) » « Ok bon courage ! »

Il reste donc 2 concurrents derrière moi.

Tiens des gens devant moi, ils sont tout près… à peine 100 mètres, juste derrière le ru… mais non, je me barre sur la gauche, remonte puis redescend vers ce même lieu : ces 100 mètres font 4Km !!! Horrible…

Ça n’avance pas…

Tiens une éolienne...

Isa m’appelle et demande des news, je lui dis que j’avance toujours même si c’est dur !!!

Allez allez, je dois m’accrocher… cette BH me met la pression mais je n’ai pas le droit de la prendre dans la gueule exprès !!! Ce serait tricher, ce serait me mentir à moi-même et à tous les autres en leur disant que je me suis fait éliminé.

Je double encore un gars qui marche moins vite que moi, je l’encourage mais me dois de continuer…

Je serre les dents et retrouve Isa sur une petite route de campagne… « Allez on court, le ravito est juste là à 5’ » Alors je la suis, 800 mètres de faux plat descendant…



YES, la BH : avec 6’ d’avance mais il ne pointe lorsque qu’on en repart alors pas trop le temps de fumer le cigare.

L’homme de la voiture blanche est encore là !!! « Tu as doublé 2 personnes depuis tout à l’heure c’est ça ? » « Oui oui, une qui devrait pas tarder et l’autre… sans doute arrivera trop tard » En fait c’est le commissaire de la course et le nouveau pote d’Isa qui lui explique tous les points de passage.

Isa me remplit le camel, un peu de chocolat, de fromage, j’embarque un peu d’orange et de banane avant de redécoller avec 3’ d’avance sur l’horaire.

Avant de partir, je demande au commissaire s’ils seront intransigeants à l’arrivée quant au statut de finisher.
« Vas-y file, si tu termines, j’pense que je pourrai négocier un peu pour toi… »

Puis il dit à Isa, tu peux le retrouver juste à la ferme là-bas… 500 mètres à vol d’oiseau, mais bon, vous commencez à savoir comment ça marche, j’y serai plus d’1h plus tard, et oui 8 gros km…  

Heureusement, Isa a pris des initiatives et je la revois une fois avant.

Avant cela, je suis toujours aussi seul et mes pensées s’égarent : énigmes adrenObscure, cadeaux de Noël, inspection, chansons à la con ("Un pied devant l’autre" : Jean Pierre Madère !!!)… je révise mes capitales mondiales et bute sur Dodoma (réponse en fin de CR…)

Tiens une éolienne….

J’en peux plus, je suis éolienneophobe !!!!! Comme dans le projet blairwitch, j’ai l’impression de tourner en rond, tout se ressemble…. Champs/forêts/ montée/ descente/ boue/montée/éolienne, Champs/forêts/ montée/ descente/ boue/montée/éolienne , Champs/forêts/ montée/ descente/ boue/montée/éolienne, Champs/forêts/ montée/ descente/ boue/montée/éolienne, Champs/forêts/ montée/ descente/ boue/montée/éolienne…

Je deviens fou…

Tiens après un passage à gué en épingle, j’entends des voix sur ma gauche… c’est le dernier concurrent… il est accompagné de gilets jaunes :
« Vous êtes là pour la manif ? » Et oui, j’ai encore de l’humour…    

On fait 10/15’ ensemble et un joli sous-bois assez praticable me permet de relancer quelques hectomètres, je rattrape même un concurrent avec qui j’échange 5’… il a fait le Pyrénées tour trail cette année, et le tour des cirques l’an passé… on aurait pu s’y croiser…
Le soleil se couche… j’aimerais bien moi aussi mais non…



Revoilà Isa et le commissaire, on est autour du 90ème km, les serre-files sont 300/400 mètres derrière…
Isa me sort mes gants.

J’en suis environ à 15h10 de course… il  me reste 1h20 pour faire 14Km… je sais que c’est mort !!!    

C’est pas grave, maintenant que je suis là, je vais évidemment au bout et même si je ne suis pas finisher officiel… pour moi, je serai FINISHER !
Mon compagnon de discussion a plus de cannes que moi et continue à trottiner, moi ça veut plus, c’est trop douloureux : pieds, cuisses, tête car faut se forcer !!!!

Mag m’appelle : « Euuhh… pour finir dans les 16h30, c’est sans doute mort et les serre-files se rapprochent dangereusement… j’vais p’t’être finir dernier !!! » ça la fait marrer : moi aussi, et Seb, qu’elle me passe ensuite aussi !  

Et ce qui devait arriver arriva : le dernier me double a une vitesse folle… il est au moins à 8Km/h !!!!!!!      

Je ne peux pas suivre et me voilà donc accompagné de mes 2 gilets jaunes qui en profitent pour débaliser au fur et à mesure  

Les lignes droites s’enchaînent, lorsque c’est légèrement descendant, je trottine à vive allure (7km/h) mais chaque foulée me pète les quadris…
On discute peu, je suis dans le dur… je m’excuse auprès d’eux : ils vont rater « Le plus grand cabaret du monde » LOL

Isa m’appelle : « Je t’attends au 99ème, après quoi il reste 3km »

YYess iii, enfin une bonne nouvelle : 2Km de moins à faire ça fait 20’ de souffrance en moins.

Encore un gué à traverser… et face à moi, plus haut des frontales…  « Allez David », Isa et les bénévoles m’attendent dans le froid… YYEESS… 99ème… je les remercie tous, m’excuse de les faire coucher tard et repars…

Je rentre dans un dernier bois, les bosses ne sont pas grosses mais tout se fait en devers, c’est pas simple du tout à ce moment de la course… un petit 6km/h dans cette section où retentit bientôt la musique
« C’est qu’est-ce que je crois que j’pense que ça peut-être ? » Mon gilet jaune me répond « Oui oui, ça sent bon la fin ! »

Et puis on ressort du bois, voilà quelques maisons devant, je reconnais la fin du 54Km fait il y a 2 ans… émouvage !!!

Petit single le long des pavillons, puis la rue puis les 200 derniers mètres… aaahhh comment dire ???

Une petite photo vaut mieux qu’un long discours.


 


80 mètres la dedans !!!  

J’en profite pour remercier mes 2 serre-files car pas sûr d’y penser après la ligne.

La petite échelle est passée, normalement, il faut faire un tour de piste mais ils nous l’épargnent cette année…

100 mètres…

Quelques applaudissements des spectateurs à l’extérieur et enfin le gymnase… Enfin l’arche d’arrivée !!!
Je lève les bras.

16h52 pour 102.7Km et 3300D+
Je suis 148ème et dernier finisher sur 230 partants.

Et là tout le gymnase qui applaudit, enfin je crois… je suis ailleurs, entre Isa, Seb, Lynda et Gelena qui sont face à moi (en fait j’ai pas vu Gelena : trop petite    ) , le speaker qui annonce le dernier finisher (mais aussi le 1er du 34 qui arrive bientôt), les applaudissements, je ne sais plus trop…


En tout cas, je me jette dans les bras d’Isa et je crois que mes 1ères paroles sont : « Je suis détruit ! » et les larmes coulent… et les applaudissements continuent et la Go Pro de Seb est là pour immortaliser tout ça !!! LOL



Et puis je libère le passage car le 1er va bientôt arriver, je salue et remercie mon compagnon de papotache d’il y a 12/14Km qui me félicite… je suis fourbu, les mains sur les genoux, encore très ému… et le commissaire vient me voir :

« C’est bon, je t’ai négocié une veste finisher. Suis-moi ! » (ET oui, 19 minutes de retard sur le temps imparti mais qu’importe, l’orga fait preuve d’indulgence) OOHHHH OUI que je vais te suivre… plus que 10 mètres pour le sésame…  




La tension retombe, j’ai froid, je ne vais pas attendre Teva qui court le 34.

Le retour vers la voiture est compliqué mais se fait bien.

La sortie de la voiture est une autre histoire : voiture/maison : 10 mètres… temps réalisé : 30 sec’ !!!
Je suis gelé, j’ai mal partout…

Je me déshabille tant bien que mal et prend connaissance de l’état de mes pieds :



Si si, j’ai couru avec des chaussures ;-)

Pppffff… en plus, une belle ampoule à un orteil, une très belle même…

Douche très chaude, trop ? je ne sais pas mais voilà une belle envie de gerber, je prends ma douche assis. Isa me lave : c’est pas désagréable mais assez gênant : pas pressé d’être à l’hospice !

Me voilà rhabillé, allongé sur le canapé du salon et croyez-le ou non : je m’endors !!! oui oui !!!



C’est la porte d’entrée qui me réveillera, Teva a fini son 34 en 4h12 et une 130ème place sur 700 partants.


Repas : des pâtes… et bah, il n’y a pas que les jambes qui ont souffert, je ne peux pas avaler : ça me fait super mal au palet et à la gorge, irritations dûes au souffle pendant ces 16h52.

Alors dodo : ça, ça passe beaucoup mieux !!!

Le lendemain, courbatures à gogo, le surlendemain: moins mais toujours mal aux pieds, 6 jours après, en démarrant ce CR, les courbatures ont disparu mais le pied gauche taquine toujours et un orteil du pied droit est… pourri… j’avais visiblement un bleu sous mon ampoule et bah elle est plus belle du tout !!! Et quelle fatigue !!!!

Et alors ? LA plus dure de toute ?

Pas la plus dure mais c’est pourtant la course sur laquelle j’ai le plus souffert et pour plusieurs raisons :

- Une prépa plus que light

- Je ne m’étais jamais engagé sur un si long format seul : que c’est long 16h52 seul… mais alors seul de chez seul !

- Cette fichue BH : 1ère fois que je dois me battre contre elle et je n’ai pas pu suivre ma stratégie habituelle : « Qui va piano va sano »… obligé de forcer un peu dès la 1ère… je le paye plus tard mais dois forcer pour la 2ème… et la 3ème… Difficile de repartir à chaque fois en se demandant si on sera à temps à la suivante (rappel: 2‘, 10’ et 3’ d’avance), bref, un stress psychologique qui s’ajoute à l’usure physique accentuée elle aussi par le fait de DEVOIR avancer : pas le temps de se poser, de s’étirer, de répondre aux sms, de s’arrêter pour récupérer mes gants dans le sac à dos etc…

- La boue : pppfff… à la différence de l’eau, il y a de tous petits cailloux dans la boue et à force, on en a plein les pompes

- Le profil : ça monte, ça descend, ça monte, ça descend etc… aucun répit ou en tout cas trop tard car après le 50ème Km…

Alors oui, je n’ai jamais autant souffert, non pas que j’ai voulu abandonner plus que d’habitude, ça m’est bien passé par la tête mais c’est comme ça à toutes les courses, mais j’ai eu de vrais passages d’absences, j’étais ailleurs, vidé… et la douleur physique : présente très tôt dans la nuque, elle n’a fait que se répandre dans le dos, les cuisses, les mollets, les fesses, les pieds, le fion en feu à cause des frottements (là j’ai pas la photo…)  et pour finir comme dit plus haut, dans le palet et la gorge : DE-TRUIT !!!  

En tout cas : ça c’est fait !!!!!

Vous voulez vous rendre compte de ce que c’est? voici 3 petites vidéos très instructives (en attendant celle de Seb… hein mon lapin ?) :

Le film officiel de 3’40 :



Une du 54Km qui permet bien de voir le terrain de jeu :


Une du 104Km qui permet, elle, de voir plutôt l’état d’esprit d’une telle épreuve :



Et pour finir, mais vous en avez l’habitude, j’ai quelques personnes à remercier :

- Tout d’abord, un grand merci à l’organisation et à tous les bénévoles. Omniprésents, sympas et tout et tout…  Un merci particulier au commissaire de course qui a su conseiller Isa, m’encourager et me négocier le titre de finisher ;-)

- A tous ceux et celles qui m’ont SMS : Ludo, Mag, Margaux, Marie, Djé.

- A tous ceux et celles qui m’ont appelé : XR, Seb, Mag

- A tous ceux et celles qui m’ont suivi et encouragé via FB et le suivi d’Isa, et là il y a du monde :
Matt, Iorritz, Arnaud, Franck F, Mimi, Gaëlle B, Alex, Bebert, Djé, Florian, Lydie, Fred, Yul, Marjo, Stéphanie, Guillaume H, Eric, Lo, CHeche, Constant, Marie Laure, Melissa, Aurore, Manu, Vincent, Aurélie, Marina, Chris, Luksky, Anne, Naldo, David B, Nico P, Orée, Sylvie, Olivier, Laure, Manu G, Valy, Annabelle…
Isa me retransmettait vos encouragements via vos commentaires et ça m’a beaucoup aidé.

- Merci à Seb, Lynda, Teva et Gelena qui ont partagé ce we avec nous et étaient là à l’arrivée.

- Merci à ceux qui occupent mon esprit parce que je ne veux pas les décevoir :
Mes parents évidemment mais aussi et surtout Ethan et Loan à qui je veux montrer que tout est possible, il ne faut pas abandonner… : je vous aime.

- Bien évidemment, vous vous en doutiez, il ne peut en être autrement : MERCI à Isa.
Merci pour les photos, merci pour la gestion des ravitos, merci pour le suivi FB
Merci d’avoir été là, merci d’être là.
Serais-je allé au bout sans toi ??? On ne le saura jamais mais en tout cas, je suis content que tu ais fait partie de l’aventure : je t’aime.  

Bon, et pour finir, un peu de culture… Vous avez trouvé le fameux chanteur et le pays dont la capitale est Dodoma ?

Réponse ci-dessous, et à bientôt pour de nouvelles aventures.  

Sol Solitude : la réponse est ici :  



Dodoma est la capitale de la Tanzanie.