Ultra Marin 30/06 et 01/07/2023

175Km, partir de Vannes pour y revenir après avoir fait le tour de ce magnifique Golfe du Morbihan ! L’idée est plaisante non ? Alors j’ai tenté :

2009 : abandon à mi-parcours

2010 : On va au bout avec Seb en 36h26

2019 : relais « Adrenacouz 2FR » : 23h18

2020 : relais « Le 2FR va se faire un Golfe » : 18h15

Et je n’avais pas DU TOUT envie de m’y recoller car malgré la joie de terminer en 2010, il m’en reste un goût amer tellement ce fût difficile, tellement il faisait chaud, tellement j’ai douté, tellement j’ai pleuré…
Mais le gars Arnaud est devenu un bien bel amateur de défi et me voilà donc embarqué dans l’aventure pour l’accompagner sur les sentiers du GR34.
Parallèlement se monte un relais car Ben voulait faire le 58 mais les dossards se sont arrachés plus vite que prévu et du coup, seule façon de parvenir à réaliser son défi, embaucher 3 personnes pour monter un relais « Sans prétention » où Ben courra 58, Isa 31, Nico (recruté via Facebook) 49 et Marylène 38.

Et nous voilà donc à Vannes le vendredi en début d’après-midi, nous y retrouvons Ben, Nico et René (pote sarthois inscrit sur le 175 également). Retrait des dossards toujours très bien organisé.
Je fais bien parti des près de 10 000 coureurs du WE




Petite photo avec PAB (Champion du monde 800 mètres) avec qui on discute un peu : très sympa, très nature. On parle des Kilomètres avalés chaque semaine, il dit en faire bien moins que nous puisque lui, une grosse semaine est composée de 70Km max… euuhh… si je lui disais que chez moi une grosse semaine était de moitié moins, il me prendrait pour un guignol !  



Isa craque sur un petit t-shirt North Face en solde puis nous allons déposer nos sacs de délestage au stade de la Ravine.
Nous retournons à la voiture afin de fermer les yeux un peu, nous préparer, nous habiller… le tout sous de multiples averses.  

Avant de partir, nous nous devons aussi de croiser Guillaume qui le fait avec des potes de sa boîte mais qui a oublié chez lui sa batterie externe et son t-shirt de course !!!! Heureusement, nous avons pu, avant de partir, les récupérer pour les lui apporter. C’est chose faite lorsque nous nous rendons sur la ligne de départ.



Les parents sont là, Thomas et Naldo aussi, on fait donc les présentations puis ils vont se poser de l’autre côté du port pour nous y encourager lors du départ.
Les minutes d’égrènent, il est temps de faire une photo de groupe,  un bisou à Isa, un check à Ben et Nico et de se rendre dans le sas de départ.



René, Arnaud, Bibi, Nico, Ben et Isa

L’ambiance est là : clapping   , ola, musique à fond, le speaker y met du sien afin que tous soyons motivés pour l’épopée qui nous attend.
Le départ est retardé de 9 minutes.

Je ne le dis à personne mais à ce moment-là, j’ai peur ! Peur de revivre le calvaire de 2010 : les larmes, la chaleur, le fait de tituber, d’être détruit, de la 2ème nuit possible… Alors je me recentre sur le pourquoi je suis là, sur ce qui doit et va me motiver pendant ces longues heures : les enfants, Isa (un classique), mon grand-père parti il y a quelques mois et à qui je ne pourrai rendre hommage lors du traditionnel concours de pêche familial… et Amélie qui m’a bien fait comprendre qu’elle m’en voulait de ne pas être là lors de ce même concours de pêche. Et Arnaud car si je suis là, c’est pour (à cause ?) de lui   . Autant de motivations pour aller au bout !

Après les minutes, ce sont les secondes qui s’égrènent… 10/9/8/7/6/5/4/3/2/1

C’EST PARTI !!!!! 175Km de « bonheur »

On se tape dans la main avec Arnaud, René, Guillaume et ses potes et… on se lance… en marchant d’abord car nous sommes 1408 à prendre le départ et il faut bien étirer le peloton.

En bout de ligne droite : Isa, Ben et Nico : YYYEESSS IIIII  

Puis, petite nouveauté : nous faisons une boucle d’un Km dans les rues pavées de Vannes : excellente idée car il y a du monde et cela permet de se lancer doucement. Guillaume s’arrête après 5minutes faire une 1ère photo du cinéma… oui oui, le cinéma « Garenne » (Il s’appelle Guillaume Garenne). En sortant des rues, nous avons déjà dit 50 fois merci !!!

Retour sur le port où nous nous plaçons sur la gauche afin de voir la famille. Voilà Thomas : Check !!! Puis Mimi : check embrassade, puis Vévé et Naldo : double check !!!    
C’est parti pour de vrai, je ne sais pas où et quand je reverrai qui ?

Peut-être très vite car je suis déjà sur le point d’abandonner, ma mère m’a coupé la main avec… ongles ? bague ? Je pisse le sang mais, ayant fait le Vietnam,  j’en ai vu d’autres et donc je continue. Ouf !  

Après 3Km nous voilà à la sortie du port, et nous nous arrêtons déjà, et oui, stratégie oblige, nous partons sur 20 minutes de course et 10 de marche dès le début afin de nous préserver, nous restaurer. C’est la fameuse méthode Cyrano « Courir moins pour courir plus ». On verra jusqu’où ça nous mène mais nous voyons déjà que beaucoup applique la même avec des tempos différents (5/1 ; 10/2 ; 15/5 etc…). Le hic… c’est qu’en 10 minutes et si proches du départ, et bah ça fait un PAQUET de personnes qui nous doublent, on a même peur de voir arriver le serre-file mais non…

Les bords du chemin se sont transformés en toilettes publiques : tout le monde semble avoir besoin d’évacuer la pression, gars comme filles (en tout cas une pas très pudique !!!).

Du fait de notre alternance course/ marche, trio Guillaume nous rattrape « Eh les roses, on vous double et après on vous laisse dans le rétro !!! ». Mais nous les redoublons quelques dizaines de mètres plus loin car eux avaient prévu 3 minutes de course puis marche jusqu’à la fin du Km… modifié grâce à des chiffres fétiches : 5/1 (51) 6/4 (64) et ils espèrent même faire du 6/9 pour finir par le meilleur (dixit Mr Garenne).

Nous voilà donc à 6 à avoir sensiblement le même rythme, à se doubler, se faire doubler.

Le sentier se rétrécit parfois car l’érosion a rendu les parties proches du littoral fragiles et de fait, cela bouchonne.

Cela ne perturbe pas les 1ers relayeurs qui nous doublent déjà !!!!! Hein quoi ? Comment ???? Nous avons fait 6/7Km en 45 minutes… eux en à peine 30… enfin pas eux, lui !!! Car un trio le poursuit mais a déjà 4/5 minutes de retard !!!

Puis cela s’élargit à nouveau sur la commune de Séné où nous doublons à nouveau Guillaume… pour ne plus le revoir… De nombreux relais nous lancent : « ça passe à gauche !!!! », nous aimerions bien suivre « Grande blonde » et « Tout petit short » (ça te parle Ben ?) mais le rythme est trop soutenu et nous ne pourrons que les regarder s’éloigner. Nous devrons nous contenter de miss tatoo    qui a un bien étrange tatouage sur le triceps gauche : « Euh… pourquoi elle s’est tatoué un stérilet ??? » Elle n’entend pas évidemment mais un concurrent entend, se retourne et ça le fait bien marrer   . (en fait c’est peut-être la lettre Gamma en grec…)

Au détour d’un chemin, voilà Isa, Nico    Un check, on dit que tout va bien et on enquille…

Au 10ème Km, nous passons à 50 mètres du… 23ème km… heureusement, nous n’apercevons pas les 1ers car sinon, nous aurions pris un coup au moral !!!
Cf photo ci-dessous.

Puis le 1er ravito




Contrairement à ce qui était prévu, pas de solide alors on se contente d’un coca.  René arrive, nous voit déjà repartir et nous rattrape « Bah vous traînez pas vous au ravito !!!! » Et non, phase 2 de notre stratégie : on prend tout à emporter, on ne reste pas aux ravitos afin de gagner du temps.

Km 15 : c’est pire que le Km10 : face à nous Conleau, le 172ème Km !!!! Juste 100 mètres à faire à la nage !!!!



Allez, on est sur une période de marche, c’est joli, on profite. Comme à chaque pause, je m’alimente un peu : 1/3 de barre de céréales et un peu d’eau, en espérant que cela me permette de ne pas avoir mal au bide.

Puis les chemins deviennent plus larges, on ne voit plus la mer depuis le 20ème Km. Lorsque l’on court, je vais un peu plus vite qu’Arnaud et dois donc ralentir un peu pour ne pas décrocher, c’est bien dommage car j’aurais bien suivi « petite queue de cheval » (qui n’est pas un homme)…  
Ces longues lignes droites sans grand intérêt s’enchaînent, notre stratégie tient bon et le rythme est le même depuis le début (autour de 6’30 au Km).
On repasse sur les traces du 100 de l’an dernier… je radote les mêmes histoires à Arnaud lorsque nous passons Métairie du Port (où Thomas avait pris une douche chez une cougar lorsque nous attendions Seb et Antoine), c’est un des rares endroits où nous voyons de l’eau pendant ces 3h…

Un bon crachin breton a fait son apparition… pour le moment il n’est pas trop gênant, il fait encore relativement doux et certaines parties sont abritées par des arbres. Mais la pluie s’intensifie, on hésite à se couvrir sous peine d’avoir chaud le ravito étant sur le point d'arriver, nous attendrons d'en sortir, au cas où cela se calme.







Et bah on a des bonnes gueules de vainqueurs!!!

Les relayeurs sont là pour nous encourager : YYEESS III Ben doit être quelques minutes derrière…

On file dans le gymnase, et on prend à emporter : un dwich triangle, un morceau de banane, un coca et on file : 1’30 chrono !
Lorsque nous quittons le gymnase, nous voyons René qui y arrive de l’autre côté du terrain de foot.

Nous marchons ces « 20 minutes de course » afin de pouvoir ingurgiter notre menu gastro… et là, je remarque une fille (Natacha en l’occurrence) : « Salut toi, on a couru ensemble quelques Km sur la VVX »
« Ah oui je me souviens, tu accompagnais un pote à toi et on s’est même revu le lendemain sur la place du village. »
« C’est ça et mon pote est devant… »
« Tu es du Mans c’est ça ? » etc.. etc…
Elle est alignée avec son homme pour la 1ère fois sur une telle distance et pour le moment, tout va bien. Ils vont plus vite que nous, on les laisse filer : les reverra-t-on ?

C’est toujours pas fun…    j’aimerais vous raconter le bord de mer mais non… des champs, des sous-bois… un mariage… qui nous propose de prendre un punch !!! Dommage que nous soyons sur la partie course car sinon on s’y arrêtait pour la photo avec la mariée. (Ben profitera de se ravito improvisé).

Puis il va falloir mettre la frontale car la nuit arrive, toujours pas vu Ben, toujours pas vu Guillaume, plus de René…
Coup de fil de Seb qui nous encourage avant la nuit.

La mer refait son apparition autour du 40ème Km après avoir disparue 3h. Le soleil est bien bas, il se reflète sur l’eau, c’est joli…



On garde notre stratégie, on embarque de quoi manger et on marche. Je dois tout de même remplir ma poche à eau car il nous reste 15Km environ avant le prochain ravito et les retrouvailles avec la bande.
Vous l’aurez compris, on ne traîne pas… merde… j’ai mal fait le vide ma poche à eau, ça ballote !!!  
A l’inverse de la partie précédente, nous sommes bien sur le golfe. Nous sommes dans les marais, c’est très plat, et le vent est de la partie, le crachin breton aussi.
Désormais il fait nuit et nous tenons toujours notre petit rythme sympa malgré les jambes qui commencent à être un peu dures mais rien de bien méchant.

« Oh les roses de La Flèche !!! » Je me retourne…. « Oh Sam !!!!  (Samuel Pupier, car il s’est trop éloigné du bord (vous l’avez ?? elle est bonne hein ??), un ancien participant à nos raids) Comment va ? »
« Bien je me suis mis aux ultras… Morbihan aujourd’hui et le Tor en Septembre (une petite course en montagne de 330Km et 24000+) »
« Ça change des raids à Brûlon !!! »
« Oui mais c’était quand même très bon !!! »
Ça fait plaisir… nous ne le reverrons plus car il mettra 23h29.

Le peloton est étiré désormais, nous nous calons derrière « petit short qui vole au vent » quelques hectomètres avant de repasser devant elle.
Parfois, nous nous retournons et profitons de cette longue guirlande de frontales qui nous suit, certains sont sans doute plusieurs Km derrière nous.

7h de course, 54KM… Je double un groupe dont l’un est au taquet sur le live de la course «  on était 586ème au dernier ravito les gars !!! » Je lui dis « 587 !!!    ». Ayant une 50aine de mètres d’avance sur Arnaud, je l'attends et lui annonce que nous sommes au pire 586, soit dans la première moitié…

Le ravito se fait attendre mais lorsque nous empruntons un long « chemin » constitué de planches, je sais que Sarzeau n’est plus très loin. Lorsque nous quittons la mer, j’en ai la quasi-certitude et lorsque je vois le rond-point et l’intermarché, je sais qu’on y est… Traversée de route, bénévoles : « Bonjour, Merci ! »
On traverse le complexe sportif avant d’entrer dans le gymnase où sont Nico et Isa… Check, Bisou (dans cet ordre   ). Ils attendent Ben annoncés 3 minutes derrière nous.  (à 1h04 contre 1h01 pour nous… mais il est 0h54)


Les jambes sont là, la tête est là. On tient notre rythme et c’est plutôt cool mais est-ce le fait d’être au chaud ? Les odeurs ? Mais mon bide me rappelle à l’ordre alors que tout allait plutôt bien. Apparemment suis bien blanc, je mange une compote, Arnaud va me chercher des pâtes : 10 min pour manger 10 coquillettes…

Pas de temps à perdre, de toute façon, ça passe pas donc autant avancer : un morceau de banane, un tuc et verre de coca et j’embarque tout ça.
On quitte donc le gymnase avant Isa en marchant, peut-être nous rattrapera-t-elle et ferons nous un bout de chemin ensemble…
La voilà déjà 10 minutes après « Eh les roses !!!! Go go go !!! » : elle court avec un gars et nous passe devant sans check, sans bisou    et file droit vers sa ligne d’arrivée à elle : Arzon, à 31Km !!! Allez, go go go !!!  
Il me semble qu’elle est partie vite, je le dis à Arnaud. Peut-être qu’on la rattrapera… ou pas.

Nous sommes dans les terres car nous devons rejoindre l’océan, c’est inintéressant, nous sommes sur du 15/15 (Marignan... j'ai bon??)  mais mon bide travaille et les efforts me donnent la nausée.
Heureusement, cette partie ne fait que 7Km. Nous voilà donc côté Océan, nous voilà là où Thomas, Mimi et Marie nous narguait l’an passé avec une bière, nous voilà là où les plages alternent avec les dunes.
Le sentier, quoique propre est compliqué car vallonné et sableux, si on ajoute à ça la pluie et le vent, on a un combo gagnant. Le moral est là, les jambes sont là, mais marcher dans le sable demande tellement d’énergie, lutter contre le vent aussi…c'est difficile!

Arnaud a des jambes de feu, j’ai du mal à suivre son rythme car si je m’accroche…je gerbe !!!

On monte, on descend, j’ai beau être un peu dans le dur, j’adore lorsque la nature se « déchaîne ». Parfois, j’écarte les bras pour accueillir le vent et le crachin, je tends l’oreille pour entendre les vagues s’écraser sur le sable ou les rochers.

On ne parle plus beaucoup, chacun est dans sa bulle ou plutôt, dans sa capuche… On profite malgré tout de quelques personnes venues braver les conditions pour nous encourager (ou prendre une cuite entre jeunes sur le bord de mer).
On peut deviner le ravito au « loin » grâce aux frontales. Et enfin, nous y arrivons…



Il pleut, il vente, aucune raison de s’attarder ici… ah si, la soupe, que je tente d’ingurgiter mais l’odeur me déplaît, je me force à en prendre la moitié avant de prendre notre fameux menu à emporter.

Ah si, une bande de potes visiblement… éméchés qui chante de la chanson paillarde à gogo :

« Et vive, vive, vive les gros nichons
Les paires de seins comme des ballons
En pomme, en poire, ovales ou ronds
Faut du volume sous le téton
Et vive, vive, vive les gros nichons
Les paires de seins comme des ballons
Tant qu'il y aura du monde au balcon
Ça boug'ra dans les pantalons! »

Isa est passé 15minutes avant nous, nous ne la reverrons probablement pas.

Je refais le plein de ma poche à eau… fais mal le vide d’air !!!    Mais comme on court peu, c’est moins gênant.

Nous continuons à longer la côte, que nous quittons pour longer le golf (sans E), et si comme l’an dernier, ça nous permet de rejoindre le Golfe dans 2/3Km. Mais non, nous contournons le golf (sans E) pour revenir côté océan et donc pas de repères grâce à l’an dernier.
Arnaud est toujours au taquet, je suis dans un coup de moins bien. On est autour de 10h de course pour 75Km environ et le bide ma travaille, j’ai envie de dormir… mais le moral est là.

On avance, on avance et nous voilà à Port Crouesty, lieu de départ de notre 100Km l’an dernier.  Ça nous avait semblé si court l’an passé mais pas cette nuit : 1km de long dans un sens, puis l’autre… Le bruit caractéristique des câbles sur les mats des bateaux se fait entendre malgré le bruit de nos pas sur les planches de bois constituant cette longue promenade.
Sur le retour, erreur de balisage, ou manque de lucidité mais nous perdons la trace sur un parking, peu de temps heureusement. Nous ne sommes pas seuls et avons les souvenirs de l’an dernier pour nous guider.

Retour sur l’océan que l’on quitte assez vite pour rentrer dans la commune d’Arzon… On sait qu’on approche.
A un moment, au sol est indiqué le complexe sportif : 1.9Km. Bon bah voilà, maintenant on sait. On retrouve un peu d’énergie dans le dernier Km dans lequel nous trottinons, il fait toujours nuit. Réussirons-nous à prendre la bateau avant le lever du soleil ? Ce serait une bien belle perf et de bon augure pour notre chrono final.

Ça y est le gymnase est là, ainsi qu’Isa et Ben qui en ont terminé de leurs relais respectifs.  (4h15 pour Isa et 7h03 pour Ben).


C’est la base de vie, on y récupère nos sacs de délestage avec de belles affaires toutes propres.
Je retire mes chaussures et pose la tête sur la table en espérant dormir pendant qu’Arnaud se restaure, il y a du bruit, les gens circulent autour, d’autres mangent à cette table. Je ne peux pas dormir. Isa me dit d’aller voir le médecin… étant fatigué et sans doute un peu con, il vaut mieux que je l’écoute car je ne serais pas de bon conseil à  ce moment alors je vais voir le médecin pour le bide. Un sapsfon et je m’allonge quelques minutes pendant lesquelles je serai entre 2 mondes : j’entends tout autour de moi, les bips du tapis où sont pointés les coureurs, les applaudissements, Arnaud qui chambre les médecins car ils passent leur temps à papoter… mais en même temps, je pars, mon esprit est ailleurs, je commence même à rêver, je suis bien… mais il faut repartir lorsqu’Arnaud vient me « réveiller » d’un bisou sur l’oreille, ou plutôt d’un « On y va ? »  
Alors je me lève, et… marche me déplace tant bien que mal pour rejoindre la table où nous nous sommes posés. J’ai les jambes d’une raideur incroyables (j’ai bien dit les jambes), je n’avance pas !!! Allez, coup de lingette, crème sur les pieds, nouvelles chaussettes sèches (ah bah non j’ai pris des chaussettes trouées !!!!), nouvelles chaussures sèches, crème dans les parties intimes de "en dessous mon cuissard" : instant so sexy s’il en est… Je tente de manger un morceau et il est l’heure de repartir non sans un check avec Ben et un bisou d’Isa.
Nous avions prévu de ne pas passer trop de temps, nous partions sur 30 minutes afin de profiter un peu mais non… au final, 55 minutes !!! Le temps est passé très vite !!!

A la sortie du gymnase, on dirait un centenaire… je suis déglingué et j’ai le C…. en feu !!!! truc de ouf, je marche comme lucky luck, un lucky luck de 100 ans !!!
J’ai donc beaucoup de mal à me remettre dans le coup, nous sommes accompagnés d’un gars de Laval qui cherchait des potes de galère : nous voilà !!!  
Je marche mieux, puis bien mieux, puis nous voilà partis à trottiner jusqu’au bateau non-stop! C’est cool, on peut encore courir.

Nous voilà à l’embarcadère :





Et les 3Km les plus rapides du parcours puisqu’en bateau !    

Nous sommes de l’autre côté, il est 7h11 du matin : il n’y a plus qu’à rentrer à Vannes.
Bord de mer pendant quelques Km avant de revenir sur le golfe, un pointage est prévu car nous aurions pu couper, et donc 1.8Km après la bateau, nous avons toujours le même classement.

Le peloton est désormais très étiré, quelques petits groupes se forment par-ci par-là afin de partager les Km.
Nous ne regardons plus la montre pour nos phases de marche et course, nous fonctionnons au feeling… et à la pente !

Nous retrouvons le golfe, à 500 mètres du débarcadère (d’où le pointage côté océan) pour 3 petits Km avant d’aller s’enfoncer dans les terres alors on profite car ensuite, plus de mer pendant 20 bornes.

Nous voilà donc en sous-bois, dans les champs mais plus d’eau sur notre droite.

Nous sommes toujours avec lavallois : c’est son 1er aussi long. Comme moi, il a dit à plein de gens qu’il s’engageait pour 175Km afin de se donner autant de raisons de ne pas abandonner. (Oui oui, même toi derrière ton PC sur facebook tu es important tu vois !!!).Il était avec un pote qui a fait un malaise dans les douches de la base de vie… fin de chantier pour lui.
On discute on discute (…et après ça brûle quand on fait pipi. T’as pas la rèf ??!!??*) et ça passe le temps, on lui parle de notre méthode Cyrano (qu’il nous volera quelques Km plus loin). Arnaud s’arrête pisser puis nous rattrape et du coup, bah on s’arrête pisser aussi. LOL. « Vous pouviez pas vous arrêter en même temps ??? » 30 secondes de perdues !
J’avais annoncé aux gars cette partie comme étant chiante mais ils la trouvent plutôt plaisante, bien que loin de la mer, le sentier n’est pas désagréable en effet, il permet d’avoir un rythme de marche correct. Cependant, on se fait doubler par quelques coureurs, notamment un à vive allure (Robin) et qui n’est pas sur le relais… on se demande comment il fait pour avoir ce rythme, pourquoi ne nous a-t-il pas doublés avant ? Bref, on est pas prêt de le revoir…

Allez allez, on avance, le rythme n’est pas des plus soutenus mais on avance toujours, la tête est là, les jambes sont correctes mais nous attendons la prochaine étape avec impatience, c’est tellement long.
Des habitations, des gens qui encouragent, une traversée de route, un stade, on y est presque…



6 minutes… et oui on traîne pas, malgré le fait que je revois un médecin pour un spasfon !!!

Nous voilà déjà repartis, c’est pas le tout mais il y a encore de la route !!! Notamment jusqu’à Auray afin de retrouver les bords du Golfe.
A la sortie du ravito Xav nous appelle et nous encourage, merci amigo. Arnaud a toujours des cannes de feu et il commence déjà à faire chaud… il est 9h30 du matin.

Puis c’est Isa qui m’annonce nous attendre avec Ben pour crème anti frottement et bâtons à la sortie de Crac’h, on devrait donc les voir rapidement mais non… ils se font attendre, bon ok, on y est aussi pour quelque chose car le rythme a faibli.
Les voilà enfin au bout d’un petit chemin : YYYEESSS IIII .
Arnaud fonce sur la crème, un gars nous en demande… Moi je règle mes bâtons.

Quelques mètres ensemble avant qu’ils ne nous abandonnent afin de rejoindre leur relais qui doit bientôt arriver du côté de Larmor Baden pour que Marylène prenne son départ.

Coup de fil de Seb et Mag qui nous encouragent, on visualise ensemble l’objectif 30h, Seb sait que le plus dur arrive et que ce sera compliqué, Mag est confiante et nous envoie plein de pensées positives… malheureusement, je suis plutôt du côté de Seb. En effet, nous nous maintenons à un gros 6km/h… toujours avec lavallois.

Nous passons au-dessus de la 4 voies, Auray doit se rapprocher…

Les 1ers effets de la fatigue se font sentir, on double un gars allongé par terre, puis un autre, ils dorment.

Arrivant du côté d’Auray, le profil se fait plus accidenté, quelques pentes dans la ville, dans de petits parcs, quelques escaliers. Un gars avec un bracelet du 36Km nous double, il  fait une sortie prépa pour le lendemain… à 15km/h.
Ça y est, on y est presque, nous revoyons le pont de la 4 voies, je sais qu’on redescend sur le bras de mer assez prêt de celui-ci et en effet, descente… et de retour sur le Golfe, ça fait du bien. Dans ma tête, c’était une nouvelle étape de franchie.

Nous voilà donc à l’endroit où nous avions piqué un 1er somme avec Seb en 2010, à l’endroit où Mag nous avait apporté du Mytosil… oui oui.
Et cela doit être un endroit confortable car là encore, plusieurs coureurs allongés dont Robin (la fusée de toute à l’heure).
Il est autour de 11h, il fait chaud et nous profitons des toilettes publiques pour mouiller les buffs et manchettes afin de nous rafraîchir. En cette fin de matinée, les terrasses sont bondées et donc… beaucoup d’encouragements, c’est agréable.
Plus que 5 petits Km et nous retrouverons Marie au pointage du Bono.

Nous sommes en bord de mer, elle ne nous quitte plus sur la droite, c’est joli. Sur notre gauche, au milieu d’un champ, un superbe monolithe… c’est en tout cas ce que je crois, jusqu’à ce que je me rende compte qu’il s’agit d’une botte de paille, et bah, il est fatigué le gars et Arnaud se fout bien de sa gueule.  

Le bord de mer plutôt à découvert se transforme en sous-bois un peu plus vallonné, nous croisons des touristes dans l’autre sens… puis le pont de fer et… beaucoup de monde dessus : alors ne me demandez pas pourquoi mais ça a été mon moment d’émotions, la larmichette n’est pas loin. Je remercie tous ces gens, tape quelques mains de gamins puis descends vers le ravito tant attendu.



Bon 1ère chose, Marie n’est pas là   Je suis déçu mais Arnaud doit l’être encore plus… Ravito express, il l’appelle, elle est en train de se garer.
Et un sarthois de plus, à côté de moi est en train de se ravitailler Arnaud G., qui participe aussi à nos raids et que nous avions croisé au GRP l’an dernier. Il en a marre, il est dans le dur, mais il ira au bout en 32h !

Alors je recharge ma poche et on annonce à Marie que l’on va marcher au-delà du ravito pour se poser dans l’herbe et se reposer en l’attendant.
200 mètres plus loin, de jolis bancs sur lesquels on se pose. Je m’allonge, ferme les yeux et lorsque je commence à partir… Marie et Arthur arrivent. La sieste sera pour plus tard, tant mieux, on n’a pas de temps à perdre, il nous reste 50Km.
Petits encouragements, photo et on repart.



Prochain objectif : 15Km Larmor Baden.

2 appels quasi consécutifs : Antoine qui nous suit via l’appli et nous félicite pour notre belle course, il nous annonce que nous sommes plus de 2h devant Guillaume, puis Amélie qui vient aux nouvelles et je lui dis que je pense qu’on en a encore pour environ 10h… « Hein ??? Mais ça veut dit 22h30 ce soir ??? Incompréhensible !    » Merci à vous.
Nous sommes désormais à un gros 5Km/h, on veut tenir, on veut avancer, on ne veut pas allumer nos frontales, je pense que ce sera compliqué mais sait-on jamais ???
      AAAHhhhhhh… saloperie de cheval qui m’a fait sursauter !!!      

Les prochains kilomètres sont jolis mais la chaleur rend le sol poussiéreux et nous avons les yeux et la gorge irrités.

Il fait chaud…

Le sentier alterne entre la côte et les champs, passe par quelques parcs à huîtres, par quelques petits ports. A cette heure-ci, nous croisons pas mal de monde, c’est cool   . Une petite dame nous demande combien de Km nous avons à faire : « 175 !!! Il nous en reste 50 ??? », elle a l’air choquée mais on évite la crise cardiaque.

Il fait chaud… nous sommes censés avoir un point d’eau au 128è mais celui-ci se fait attendre, en fait il est au 131è car, sur le roadbook, n’est pas prise en compte la traversée en bateau (contrairement au suivi course sur livetrail). Arrivé autour du 129/130è, on se pose des questions sur ce point d’eau, l’a-t-on raté comme celui de cette nuit ? Des spectateurs nous rassurent, juste après le port à gauche et il sera là.
Ok, port franchi, on tourne à gauche et… longue ligne droite devant nous : NNNOOONN !!! Mais ouf, 100 mètres plus loin, caché derrière une haie se trouve dans le champ de droite une rampe avec de l’eau !!! On se mouille la tête, le buff, les manchettes… il fait chaud !

Et nous voilà repartis. Encore 2 gros km à travers champs avant de retrouver les embruns. Sentier sympa en bord de mer mais je commence à avoir du mal à apprécier : j’ai mal PAR-TOUT ! Orteils, dessous de pieds, tendon, cuisses, partie entrejambesque, dos, nuque, yeux… mais le moral est toujours là, toujours pas l’envie de bâcher, pas question !!!

Marie nous attend à la sortie d’une belle digue en pierres où je me pose pour attendre Arnaud :

« Le jour où je te repropose des conneries pareilles t’essayes de me raisonner hein ? »

ahh, copain Arnaud est dans le dur ??




Oui oui je confirme, il l’est… il  a très faim, il commence aussi à avoir envie de dormir. 10 minutes après, il appelle Marie pour qu’elle lui prépare un repas lyophilisé afin de se requinquer un peu.
Puis superbe presqu’île sur notre droite que certains rejoignent grâce à un banc de sable  (Mimi, si tu passes par-là : direction google earth juste à l’Ouest de Larmor Baden).
Allez, il nous reste 3 gros Km à parcourir, un gars me dit, « on voit le ravito de l’autre côté ! » yeess, objectif en vue sauf qu’il nous faut faire le tour d’une anse et… que ce n’est pas le ravito que nous voyons mais un resto/bar, heureusement le ravito est caché 200 mètres avant.



Il nous faut faire un aller/retour sur une petite route pour accéder au ravito, c’est plutôt pas mal car du coup, beaucoup de monde pour encourager les coureurs. Puis le pointage, puis Marie et Arthur  
Voilà, après avoir fait le relais de Ben, celui d’Isa, nous venons de faire celui de Nico, il ne nous reste que celui de Marylène et environ 38Km.
Arnaud veut donc manger, pendant ce temps je vais… dormir !  
Yyeess… là je pars… une 20aine de minutes, ça fait du bien et visiblement, j’ai été imité par Arnaud.    



Lorsque je me réveille, Arnaud n’est pas encore prêt et Marie me masse les mollets (merci). Puis je vais enfin me ravitailler, je découvre un petit jus aux fruits rouges des plus succulents    Un petit truc sucré, un petit truc salé puis il est temps d’y aller car 40 minutes que nous sommes là. Mince, je ne pensais pas être resté si longtemps. Ça craint pour ne pas remettre la frontale !
Nous voilà donc repartis à une allure… ridicule, là encore, très compliqué de remettre la machine en route, on se demande comment on va aller au bout à ce rythme mais heureusement le corps est bien fait et après quelques hectomètres, nous revoilà à marcher correctement direction Arradon : 22Km : c’est tellement long 22Km !!!

Surtout qu’il fait chaud… hein, je l’ai déjà dit ?    
Nous revoilà donc sur la route qui sort du ravito, re plein de monde puis vite de retour sur le Golfe.

Et 2Km de parcourus pour revenir à… 50 mètres du ravito. Puis au lieu de passage de témoin du relais les années précédentes. Puis virage à gauche afin de partir en sous-bois, nous sommes dans les marais de Pen en Toul j’y cherche une contrepétrie , Poule en Ten, Ten en Poul, Pel en Toun, Poun en Tel… bref, j’en trouve pas. Je fais mes calculs, il reste 35Km, il est 16h15 environ, il nous faudrait mettre 6h15 pour ne pas allumer la frontale, compliqué !! Je me retourne… mince, j’ai décroché Arnaud… J’ai mal partout… Je tente de faire un point objectif sur l’ensemble de la course, je me dis ne pas avoir pris beaucoup de plaisir, je n’en prends pas du tout à ce moment : Promis : je ne prends plus de dossard pour ce 178Km !!!  Bref, vous l’avez compris, je ne suis pas dans une bonne spirale même s’il est toujours hors de question d’envisager un éventuel abandon : IM-POS-SI-BLE !

J’ai tellement besoin d’un coup de boost à ce moment-là… alors je m’assois sur un caillou et attends copain Arnaud, je me dois de positiver, trouver des raisons d’y croire, d’en finir vite. Je pense à tous ceux qui compte sur moi pour que je passe cette ligne : Arnaud, Isa, les enfants, mes parents, Amélie, et donc pensées pour mon grand-père qui aurait bien fait ces Km… à vélo !

Revoilà Arnaud puis revoilà la mer puis revoilà la gazelle Robin qui nous rattrape, alors je lui fais la remarque « Comment se fait-il que tu sois encore avec nous toi? Ça  fait 2/3 fois que tu nous double à 12Km/h ? » Alors on discute, il l’a déjà faite l’an dernier en 36h, il avait subi et là, il s’était préparer pour faire 24h, c’est raté, parti trop vite (4’30 au Km sur le 1er marathon), il a eu un coup de moins bien, puis a dû dormir etc… etc… eh oui, il s’en passe des choses sur de telles distances. Il finira tout de même devant nous.

Il fait chaud, on « se plaint » un peu de cette trop longue section sans eau, mais heureusement, au 145ème, un jet d’eau venu d’un particulier avec un panneau « Servez-vous ! » Que ça fait du bien de se mouiller les manchettes, le buff, le visage, de boire de l’eau fraîche, je lance un « Merci » à travers le jardin au cas où…

Revoilà les beaux sentiers : que dis-je ? Les superbes sentiers !!! En effet, cette partie est superbe et doit être tellement agréable à courir en temps normal mais après quasi 155Km, ces racines et rochers nous donnent du fil à retordre. Un gars nous dit que, du fait du terrain, le tour se fait plus facilement dans l’autre sens car cette partie technique est plus simple en début de course. Possible…
Nous avançons en mode zombies mais nous avançons. Parfois mon cerveau me dit "Allez, on accélère!!!" et 3 minutes après, je reviens à mon rythme. Nous sommes toujours lucides et repérons les lieux où nous sommes venus soutenir Marie l’an dernier sur son 35Km.

De rares relayeurs nous doublent encore.

Deux nanas se baignent, moi qui ne suis pas mer, à ce moment-là, je les envie, d’autres s’essayent au wingfoil, ça doit quand même être sympa (pour ceux qui ne connaissent pas, google est ton ami).

Et un nouveau plaisir simple : une dame a sorti une petite table de son jardin et y a mis des ecocups et nous sert de l’eau    Je lui demande si ça la choque que je me verse le verre sur la tête : « Non non bien sûr, allez-y, c’est l’eau du robinet. » Un grand merci à elle car… il fait chaud. Je n’ose pas imaginer cette course la semaine précédente (où je courrais le 5Km en 21 min’ au 12h de Moncé… on en est loin !!!!)

Petit morceau de route puis retour sur le bord de l’eau, nous empruntons un long muret le long de la plage, de nombreux petits bateaux (nommés annexes, oui oui je me suis documenté) y sont entreposés (pour rejoindre les bateaux qui mouillent ici).

Je décroche à nouveau Arnaud et m’arrête pour une pause nature… et je repense à une conversation eue avec Manu et David sur le Sancy en septembre dernier : vue la couleur des urines, je dois être un peu (beaucoup ?) déshydraté :



J’vous fais rêver là non ???  

Bref, Arnaud est de retour, le muret continue, il est long… qu’ils ont dû se faire chier à construire tout ça !! Mais c’est bien pratique.
Isa m’appelle, il nous reste 2 gros Km avant le ravito, je lui annonce 20 minutes, puis Antoine qui voit qu’on tient le rythme et que ça va le faire… pendant ce temps, Arnaud a filé devant.
Ah… bah le muret, il est où, parce là, on a les pieds dans l’eau, et oui il fallait arriver 2h avant ou 2h après mais à marée haute, cette partie est immergée. Certains se déchaussent, dont Natacha et son homme, vous vous souvenez ? Pas Arnaud (au fond sur la photo), moi non plus… et je suis derrière un gars qui fait monter du sable qui retombe dans mes pompes.  



Comme j’ai aussi fait la guerre de Birmanie et que les british ont fait sauter le pont de la rivière Kwaï, j’ai l’habitude de traverser les pieds dans l’eau… ce n’est pas ça qui va me faire abandonner !  

En retrouvant le muret, je double ceux qui se rechaussent, la sensation dans les chaussures est des plus désagréables avec tout ce sable mais je verrai ça plus tard et rattrape très vite Arnaud qui n’avance plus    Son talon lui fait TRES mal, nous sommes à 1,5Km/h… Là, je revois Antoine accompagnant Seb 3 ans plus tôt et lui envoie un message « Arnaud en mode Seb, ça va être long les 18 derniers ». En effet, là tout de suite, je me vois parti pour 7/8heures de marche lente…

Je dis à Arnaud que je file au ravito car je ne veux pas que tout le monde s’inquiète, nous sommes censés arriver dans 15 min, pas dans 45’. C’est parti, 500 mètres Ben qui nous attend    Merci



Je lui dis d’attendre Arnaud pour l’emmener au ravito.

Je file, Antoine me rappelle du coup : « Allez vous êtes des winners, tu l’emmènes au bout hein ?!? Allez, je vois ce qui vous attend mais ça va le faire etc… ». DU coup, pas attentif je quitte le muret et me retrouve derrière un mur ???? HHmm… plus de concurrents devant… qu’est-ce que j’ai foutu ? Je me dois de retourner bord de mer et je vois une ouverture dans le mur à 100 mètres donc j’y vais… et retrouve le muret et le balisage, virage à gauche et… plus un seul concurrent sur 400 mètres devant moi, bah mince alors, il sont passés où ??? Je vois un touriste et vais vers lui pour lui demander lorsqu’en arrivant à sa hauteur sur ma gauche, une porte dans le mur pour rejoindre le ravito : ouf.
200 mètres, Isa est là, bisou et les 200 derniers mètres ensemble.





Tout le relais est là, c’est cool  

Je check tout le monde et les félicite pour leur perf quand Marylène dit : « Oh bah il y a Natacha !!! ». Je me retourne et c’est la Natacha du VVX qui arrive avec son homme…
« Tu connais Natacha ????? »
« Oui on a une copine commune au Mans… »
Et du coup Natacha :
« Vous vous connaissez tous les 2 ? C’est fou ça ! » et elle explique à Marylène qu’on s’est rencontrés à la VVX.
Mais attention Messieurs, dames, l’histoire ne s’arrête pas là !!!
Nico :
« Oh Mickaël !!! ça va ??? »
« Bien et toi. Je ne savais pas que tu courrais ce we. »
« Bah je me suis inscrit en relais avec des sarthois via une annonce facebook . »
Et qui est Mickaël selon vous ????? Le mec de Natacha !!! Dingue non, en fait il habite pas très loin de chez Nico et courent parfois ensemble. Le monde est petit.

Bref, revenons à nos moutons… Me voilà donc à Arradon, je file chercher un truc ou 2 à grignoter puis revient me poser lorsqu’Arnaud arrive déjà accompagné de Ben. Cool, je ne pensais pas le voir arriver si tôt.
Comme d’hab, je m’allonge le temps qu’Arnaud se restaure, change de pompes… et oui, il a eu la bonne idée d’appeler Marie pour virer tout ce qui est trempé. Je ferme donc les yeux mais ne partirais pas cette fois, la faute à un gamin qui n’a pas trouvé mieux que de courir un 400 mètres autour de moi…

Nous n’avons pas perdu trop de temps, une grosse dizaine de minute plus tard, nous revoilà partis, il est aux alentours de 20h30, il nous reste 17Km et donc, je sais que la nuit fera son apparition… je sais aussi que nous n’aurons pas l’affronter toute entière et déjà, cela me rassure.

Mon nouvel objectif : minuit… ou encore mieux 23h39 pour passer sous les 30h de course.

Nous revoilà donc partis… 200 mètres de faits et déjà un 1er doute, fallait-il tourner à droite car plus de balisage ! Ayant la flemme de faire1/2 tour, on attend un groupe de 3-4 coureurs afin de les interpeller : « il y a du balisage sur votre droite ? »
« Non non. »
Ok on est sur la bonne route.

Nous voilà très vite face à Conleau, je me souviens de cette image en 2009 où 2 gars y sont, ils sont à 200 mètres de nous mais un bras de mer nous empêche de les atteindre. Ces 200 mètres font… 9Km… (cf photo plus haut) Dans ma mémoire, ces 9km sont en sous-bois, près de l’eau et plutôt agréables, est-ce que je me trompe ? Possible, car là, ils démarrent par une route  
Puis nous alternons entre petits bois et routes, j’ai tendance à décrocher Arnaud, qui en plus s’égare dans un bois, oui, nous ne sommes plus au max de notre lucidité.

Coup de fil de Mag : « Allez allez, les 30h sont jouables, on se bat !! »

A notre grande surprise, un relais nous double encore (ce sera le dernier en 28h50)

En sortant d’un bois, un gros rocher, quoi de mieux pour se poser attendre copain ? Et bah il a dû reprendre du poil de la bête car à peine poser qu’il déboule et me dit :
« J’viens de me faire traiter de gros ! »
« ??? »
« Bah oui, je viens de croiser un gars qui m’a dit : « Félicitations car avec votre corpulence …! »
 

On repasse à l’endroit où il y avait un monde fou pour encourager Marie l’an dernier dans les lotissements d’Arradon.  
Puis la route se transforme en sentier bien propre où les plus courageux, valeureux, courent… où les plus abîmés marchent : nous faisons partis de la 2ème catégorie mais nous doublons les autres marcheurs notamment une nana qui nous a doublés il y a bien longtemps et qui semble avoir un problème à la cheville car ça boîte bien    (Allez, plus que 7Km).

On avance on avance et nous revoilà à Conleau, il y a du monde. Le tour de cette presqu’île fait un petit 2km et nous sommes persuadés qu’il y a un pointage au bout… mais non, nous aurions pu juste traverser le parking et nous éviter cette boucle, mais bien entendus, même si nous l’avons évoqué, c’était pour la blague, on est plus à ça près !!!
Nous passons sur la terrasse d’un resto et les applaudissements nous aident à avancer.

Retour sur le parking : une petite fille nous distribue des bonbons, trop bien !!! Je fais 50 mètres de plus, attends Arnaud et lui dis « ça fait bizarre, normalement c’est moi qui distribue des bonbons aux petites filles !!! » (YYEEESSS j’ai encore un peu d’humour après quasi 29h de promenade !)  

Re joli sentier, la nuit est tombée mais la lune fait office d’éclairage et les frontales restent dans le sac. On croise un gars à contresens : « Allez, c’est fini ! Et plus une seule côte, c’est tout plat ! »
Bon bah oui, en effet, quand on est frais comme un gardon, c’est tout plat, mais après 175 Km, ce faux plat montant ressemble à l’Everest.
Puis voilà l’entrée du port, voilà des bâtiments. Il nous reste 2 gros Km  

Isa nous appelle : « Vous en êtes où ? »
« On est devant le casino ! »
« Déjà !!! On vient vers vous ! »

On retrouve un rythme de marche plus soutenu en passant de 5 à 6Km/h… l’envie d’en finir, l’appel de la ligne.

« Ah voilà Isa je crois ! »

Ah non, un nouveau mirage mais 300 mètres plus loin Isa et Marylène arrivent… elles se mettent dans nos pas et trouvent qu’on marche bien.
Là, on se fait doubler par Natacha (qui a fait un malaise au dernier ravito) et Mickaël car ils courent EUX : oui on a vu Marylène !!!!  

Ça y est on voit la ligne… mais on doit longer la jetée sur toute sa longueur avant de faire ½ tour et finir les 200 derniers mètres sur un beau tapis rouge !
Evidemment, on se remet à courir. Arthur nous a rejoints pour passer la ligne avec son père (pas moi mais Arnaud !) et nous y voilà !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!




Oh putain que c’est bon !!! J’ai le cul en feu, les pieds très douloureux, les cuisses dures comme du bois, les yeux rouges comme un lapin atteint de mixomatose, un bide qui réussit à dialoguer avec son entourage… mais putain que c’est bon !!!!

Ce qui est bon aussi c’est :

- Checker toute la bande qui en a terminé en 21h23



- Aller chercher sa veste et médaille finisher
- Faire cette belle photo



- Mais aussi celle-là :



- Retirer ses pompes et mettre les claquettes
- Boire la bière tant attendue

Et assis sur notre mur, nous voyons des concurrents doublés plus tôt arriver… on les applaudit. Puis la fille à la cheville en vrac… puis d’autres, encore… et encore... et encore...



On attend René qui est annoncé 1h après nous. Pendant ce temps, des gars interloqués par l’évènement viennent aux nouvelles :
« Mais vous par exemple, vous devez avoir des entrainements de fous !?!? Une hygiène de vie etc… »
On se regarde avec Arnaud et on sourit  
« Nous, on est les contre exemples. On court 2/3 fois semaines mais on prend l’apéro à volonté !!!! »
Bref, les enfants, ne faîtes pas comme nous, c’est pas bien !!!

1h03 plus tard en 30h30 arrive copain René accompagné d’un gars ayant fait 26h l’an dernier.    

YYEESSS

Je prends juste le temps de le checker et le féliciter mais il faut que j’aille me reposer.
Marchant à 0.8Km/h, je demande à Isa d’aller chercher la voiture et qu’elle vienne à ma rencontre pendant que je m’en rapproche. Au bout du port, 2 jeunes sur un banc :

« Vous avez fait la course ? Vous êtes partis quand ? »
« Hier soir ! »
« Et vous avez fait quoi comme circuit ? »
« Le tour du Golfe, on est parti par ici… et sommes revenus par là. On a pris le bateau à Arzon ! »
« Combien de Km ? »
« 175 »
« Et bah, dire que je trouve ça long de venir de Sarzeau en scooter ! »
Oui oui, je confirme, c’est long… oui oui faut pas être net.

Je reprends mon rythme effréné lorsque je vois Isa arriver, je me pose au bord de la route et monte dans la voiture, je ne suis pas sorti de Vannes que je dors déjà.

Douche, dodo.

Au réveil le lendemain, les jambes sont bien raides mais j’ai droit à un petit massage avant de me lever. Je réussis à me déplacer « correctement ». J’ai droit aux félicitations de la famille.  

Il est 11h du matin et de suite, je pense à Guillaume et vais voir, il a mis 37h02, a passé la nuit dehors mais a eu sa revanche. Bien joué.
 

Je pense aussi à ceux qui arrivent encore, le dernier a mis 41h47. Le vainqueur met 15h44. (No comment!!!)
Nous étions 1408 au départ, 964 à l’arrivée soit 31% d’abandons. 23 ont abandonné au 30 ème, 14 au 161ème, le plus gros point d’abandons, Sarzeau au 58ème (76 abandons).
10 finishers ont plus de 70 ans.

Bientôt 12h, il est temps de voir débouler tout le monde pour un super repas où on refait la course évidemment, se joindront à nous Amélie et Vincent  



Il ne manque que René que sa femme a voulu surprendre en le retrouvant à l’arrivée mais… mais… mais… elle a tapé le Havre dans le GPS et est donc arrivée bien en retard !  

Tout le monde a la pêche, tout le monde sourit, tout le monde est content de son week-end, tout le monde va retourner bosser des images plein la tête.

Et voilà, une de plus… tellement difficile, tellement belle, tellement longue, tellement monotone parfois mais tellement fiers de l’avoir vaincue sans jamais avoir eu le moindre doute sur le fait que j’irai au bout. Je n’ai jamais eu l’idée d’abandonner, je ne pouvais pas abandonner car en ce 1er we de juillet, j’aurais pu (dû) être en famille et rendre hommage à mon grand-père, j’espère que c’est chose faite en ayant passé la ligne d’arrivée.

Comme tout bon CR, il me faut remercier un paquet de personnes et d’avance, je suis désolé si j’en oublie certain(e)s :

- Commençons par ceux sans qui la course n’aurait pu avoir lieu, l’organisation au top et les bénévoles que j’ai déjà remerciés une bonne centaine de fois sur le parcours mais que je remercie à nouveau : merci à tou(te)s.

- Merci à tous les spectateurs qui nous ont soutenus tout au long du parcours.

- Merci aux ravitailleurs impromptus : le jet d’eau du 145ème, à la dame et ses ecocups du 154ème et à la petite fille et ses bonbons du 173ème.

- Merci à ceux avec qui nous avons partagés un bout de chemin : Lavallois, gars en rouge, Robin, Natacha et Mickaël.

- Merci à celles qui nous ont portés quelques dizaines de mètres : « tatouage stérilet », « petit short qui vole au vent », « queue de cheval », « grande blonde », « tout p’tit short » : on sait que vous faîtes pareil avec les gars alors on se permet ;-)

- Merci aux followers FB (désolé, je ne citerai que ceux que je connais mais merci à tous les autres évidemment) : Margaux, Franck F, Iorritz, Allison, Ben, Guillaume H, Marie, Vincent B, David B, Luksky, Audrey B, Marjo, Lyly, Méline, Lucille, Marina, Ludo D, Nico M, Djé, Florian, Nico Gégé, Matt, Guy, Alexy, Audrey T, Seb C, Olivier Q, Nico D, Thomas, Mimi, Pablo, Sandy, Guifus, Arnaud, Amélie, Isa, Guillaume G, Lynda, Jérôme D, Bebert, Magben, Nico T, René, Olivier D, Seb V, Guillaume V, Ophélie, Lme Guillaume, Emadmanu, TOf, Antoine G, Hal, Doudou, Naldo, Jérôme M, Arnaud D, Olivier F, Sandy H, Julien E, Stéphanie B, Mag, Rico, Gaëlle, Cécile, Anne, Seb M, Marc Antoine, Li Lou, Courir en Layon, Laurence, Fred : Comme dit dans le récit, vous pensez sans doute ne servir à rien mais si… autant de personnes à qui on ne veut pas annoncer un abandon.

- Merci aux followers Whattsapp du 2FR : Lucille, Steph, Dim, Ben, Isa, Marie, Seb M, Ludo, Marie, Mag, Seb M (l’autre) , Nico, Carl, XR, Guifus, Nico, Jerem : le 2FR était avec nous ! YYEESS IIII

- Merci aux followers Whattsapp du Run Run and worshippers : Manu, Lucille, Seb, Antoine, Steph, Mag, Gaëtan, David: merci pour les encouragements et les quelques séances du mercredi, j’essaierai d’être plus assidu l’an prochain.

- Merci aux SMS : Isa, Mimi, Seb, Arnaud, Marie, Amélie, Antoine, Mag : Bon ok , il y en a que j’ai déjà remerciés plusieurs fois mais peu importe, ils méritent encore plus    Je ne prends évidemment pas le temps de répondre à ces messages mais je les lis si la météo le permet à ça fait du bien.

- Merci aux coups de fil : XR, Isa, Amélie, Antoine, Mag, Seb : ces coups de fils sont tellement importants.

- Merci à ceux et celles venus sur les bords du Golfe : Naldo (venu spécialement, ou presque, du Sénégal), Thomas, Mimi et Vévé : les checks de départ et la confiance que vous placez en moi est importante.
Isa, Marie, Arthur, Nico, Marylène, Ben qui poussent des YYEEESSS III de loin et nous font de belles photos    Merci.

- Merci aux potes coureurs : Guillaume et ses compères avec qui nous avons partagé les 1ers kilomètres, René, une vraie brute qui nous a suivis pendant plusieurs heures et qui finit « easy ».

- MERCI à Arnaud, ou pas…   Merci de m’avoir embarqué dans ce délire, (qu’il faut être con !!!), merci de m’avoir donné le tempo, m’avoir rebooster lorsque c’était difficile, c'est long 175Km et 29h27 (+ une croisière en amoureux) à se supporter et ça s'est passé au top! Et en plus de « merci », FELICITATIONS !!!!

- Merci à nos accompagnatrices de choc : Marie et Isa toujours là où il faut quand il faut.  
Marie : merci pour les massages, les photos, les mots sympas, les poches à eau etc…
Isa : Merci d’être là, merci de partager ces conneries avec moi.

- Merci à nouveau à mes parents qui nous ont accueillis le lendemain : 47 ans que j’invite mes potes à la maison et je ne sais pas si une seule fois j’ai eu un refus. Merci de me faire vivre ces moments-là.

- Merci à ceux à qui j’ai beaucoup pensé pendant la course : ceux que j’aime :

Mes parents : impossible de vous décevoir donc on avance on avance.
Amélie : oui oui ma chère couz, tu m’as tellement pourri pendant des semaines que je devais aller au bout, pour toi, pour papi. Et tu le sais déjà mais je t’aime fort.
Isa : évidemment, embarquée dans l’aventure sur le relais, on a vécu des choses similaires, vues les conditions, je pensais autant à ta course qu’à la mienne, j’espérais que ça envoyait du lourd et pendant ce temps-là, je ne pensais pas à ma course. Puis, comme toi, je devais aller au bout. Merci pour tout. Je t’aime.
Ethan et Loan : les rares qui ne m’ont ni encouragé, ni appelé mais je ne leur en veux pas, ils n’ont pas besoin de ça pour être omniprésents, pour me faire avancer, pour leur montrer que quand on veut, on peut.  Je vous aime.  

On se retrouve fin août pour le 2ème gros défi de l'année.

* Sketch de Dupontel dont je ne retrouve pas la trace sur youtube ;-)